Apparues au milieu du XIIIe siècle en Italie, les confréries de pénitents s’installent rapidement en France (Avignon en 1226, aurait connu la toute première). Les confréries sont constituées de laïcs, à l’image du Tiers Ordre franciscain, qui se réunissent pour la louange (offices réguliers, communion fréquente, chapelle particulière, vie exemplaire…).
Leur piété chrétienne les fait s’orienter « vers le social » : malades, funérailles et familles en deuil (en période d’épidémie), démunis, prisonniers, condamnés… (en 1814, les pénitents de Valréas seront encore requis pour ensevelir des condamnés).
Placées sous des vocables divers (Miséricorde, Saints), elles sont devenues l’expression d’une piété populaire particulière. Vêtus à l’origine d’un « sac » de toile grossière (grise), les pénitents ont adopté peu à peu des couleurs différentes pour se distinguer (9 confréries à Avignon).
Leur cagoule traditionnelle leur garantissait l’anonymat et peut-être également la contagion dans les périodes d’épidémie.
La Révolution va les faire disparaître ; après la tourmente, le clergé ne se montrera pas très empressé de reconstituer des associations qu’il ne maîtrisait pas toujours, notamment lors des rares cas de débordements qui serviront souvent de prétexte à leur disparition.
Mais la cause principale est l’extinction peu à peu, hors la prière, de leur raison d’être, le social ; en effet les pouvoirs publics prennent en charge les hôpitaux, les pompes funèbres, améliorent les conditions de détention…
Fin du XIXe siècle, elles s’éteignent pratiquement toutes sauf dans quelques localités du midi, peut-être en lien avec le particularisme méridional qui s’oppose au centralisme parisien ; ce n’est certainement pas fortuit si bon nombre d’entre elles ont conservé des cantiques en langue régionale (Notre Dame de Vie pour Valréas).
De nos jours, celles qui ont subsisté se montrent bien vivantes, dans une période où les laïcs sont toujours de plus en plus sollicités pour pallier la pénurie des vocations ; à l’image de leurs nombreux confrères, les pénitents de Valréas essaient de se rendre utiles auprès de leurs semblables : service d’obsèques, malades, prisonniers mais sans se détourner de la dévotion régulière.
Elles ne sont plus considérées comme une survivance folklorique, mais bien comme un groupe de laïcs fervents et dévoués ; Saint Jean-Paul II ; Benoît XVI et le pape François l’ont souligné : le premier en ayant reçu une délégation de la Maintenance, le second ayant pris l’initiative d’un grand rassemblement des confréries place Saint-Pierre dans le cadre de l’Année de la Foi ; enfin le pape François en ayant accueilli et présidé ce rassemblement, aux tout premiers jours de son pontificat (mai 2013).