Comme chaque année en cette période, le Secours Catholique publie son rapport sur l’état de la pauvreté en France. Prenons vraiment le temps de le découvrir, il nous aidera à être plus sensibles à une réalité toute proche de nous et que nous risquons facilement d’éluder. Une réalité qui s’accentue si on la mesure à partir des personnes accueillies. Entre autres éléments, je note : le niveau de vie médian des ménages à hauteur de 555 euros par mois ; un accès au logement stable qui devient impossible ; une pauvreté qui continue à se féminiser, de plus en plus sans frontière, et qui impacte particulièrement les jeunes. Une réalité dont nous avons idée mais sur laquelle le rapport apporte des précisions, décrivant ainsi une situation alarmante.
Comme le formulait, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, lors de son discours de clôture de notre Assemblée des Évêques, à Lourdes : « La collaboration des bénévoles et des salariés permet au Secours Catholique d’aider des personnes en précarité (…) en respectant la dignité et la liberté des personnes accueillies. Cela lui permet une fine connaissance de la réalité sociale de notre pays. Son rapport annuel (…) a acquis une forte autorité et fait référence désormais. Pour tout ce travail, nous voulons dire notre admiration et notre reconnaissance ». Je fais mienne cette gratitude pour dire ma propre reconnaissance à tous les acteurs du Secours Catholique dans notre diocèse.
L’angle retenu pour l’analyse de cette réalité est celle des prestations sociales et plus largement, de l’aide sociale pour les plus vulnérables. Ce regard fait apparaître une plus grande fragilisation des bénéficiaires de ces aides. Certaines personnes ou familles semblant se résigner et renoncer à être aidées du fait de la complexification de l’accès à ces prestations ou bien des critères d’éligibilité. Alors qu’elle est un pilier de notre système social, la solidarité ne cesse de s’éloigner et de s’estomper.
Découvrant ce rapport, je fais le lien avec notre département et ce que nous pouvons ici repérer de points similaires. Régulièrement la presse évoque cette réalité. Un récent article du journal La Provence du 2 novembre dernier nous rappelle que le Vaucluse est dans le top 5 des départements les plus pauvres, devant les Bouches-du-Rhône et les Alpes-de-Haute-Provence. La pauvreté touche 19,9% de la population en Vaucluse, les plus impactés étant les moins de 30 ans et les familles monoparentales.
Le 17 novembre dernier l’Église a célébré la journée mondiale des pauvres. « On devient Église de Jésus dans la mesure où nous servons les pauvres. » dit le Pape François.
Autant d’éléments qui viennent nous percuter et nous interroger. La pauvreté est une réalité criante. Elle nous interroge dans notre attention à toute personne et appelle notre propre engagement. Nous ne pouvons rester indifférents ou nous contenter de déléguer cette préoccupation à quelques-uns. Bien sûr, faire face à cette dure réalité demande des compétences et d’agir de manière professionnelle, mais elle appelle aussi l’attention de chacun pour solliciter les changements nécessaires dans notre vie sociale, et ne pas passer à côté du soutien possible au quotidien.