« On peut dire que le Saint Suaire est l’Icône de ce mystère, l’Icône du Samedi Saint. En effet, il s’agit d’un linge sépulcral qui a enveloppé la dépouille d’un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus…
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché », comme on le lit dans une ancienne Homélie : « Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort... Dieu s’est endormi dans la chair, et l’enfer a tremblé » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439).
À notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus.
Vers la fin du XIXe siècle, Nietzsche écrivait : « Dieu est mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! ».
Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons.
Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulags, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint : l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous, croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.
Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’espérance.
Et cela me fait penser au fait que le Saint Suaire se comporte comme un document « photographique », doté d’un « positif » et d’un « négatif ». Et en effet, c’est précisément le cas : « le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui ne connaît pas de limite. » Benoît XVI